Sucevita -visite du monastère

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La fondation du monastère Sucevita est posée au XV-e siècle, sur les lieux d'un petit couvent en bois du modeste
moine Parhomié. Plus tard, Gheorghe Movila va faire construire à la place de l'ancien couvent une église durable,
au nom de l'Epiphanie, ayant à la fois le rôle de monastère - forteresse avancée pour la défense et de nécropole
( les premiers voïévodes enterrés ici furent Ieremia et Simion Movila).

La date de l'achèvement est consignée dans les écritures historiques et attestent que Gheorghe Movila a fait don
du monastère pendant le règne de Petru Voïévode et de son fils Etienne, le 9 juin 1591.

L'aspect de massivité du monastère est dû à l'épaisseur impressionante des murs en pierre de l'enceinte ( de trois à
six mètres), ainsi qu'aux renforts et aux remparts. Les tours placées dans les angles de l'enceinte ont une base
octogonale, à l'exception de celle située au nord-ouest (le clocher) qui a une forme rectangulaire.

Au centre de la grande cour du monastère se dresse la silhouette imposante de l'Eglise dont les couleurs vert et
bleu-gris des peintures de la façade nord, sont très bien conservées.

sucevita-monastere

  Vue du face, l'église s'ouvre sur l'abside principale qui, tout
comme celles latérales, illustre en grandes registres séparées par
des lignes rouges, silhouettes de saints, prophètes et martyrs,
représentant l'Eglise Céleste :
Portraits et attitudes variés, expressions diverses, un univers humain
qui mérite d'être regardé scène par scène, figure par figure. Sur la
façade nord sont peintes les scènes de la création, la vie du
St.Pahomié
et l'Escalier du St.Jean le Sinaïte
.

Du point de vue architectural l'église de Sucevita est faite "à plan trilobé", typique du milieu du XVI-e siècle avec
un parvis clos ( l'exonarthex). L'entrée se fait par les deux portes latérales (façades nord et sud), qui donne chacune
sur un parvis decouvert.

A l'intérieur on admire la construction de la voûte: une calotte soutenue par quatre arcades superposées en console,
qui augmente ainsi l'impression d'espace en hauteur.
Au-dessus du naos trilobé se dresse la maçonnerie .Comme à Moldovita, les arcades - vues de l'extérieur- sont
disposées en diagonale et les deux embases étoilées donnent le sentiment d'une hauteur plus importante.

La graduation de la lumière est subtile et riche: les hautes fenêtres du parvis et du pronaos, aux encadrements
d'inspiration gothique, gardent encore dans leur partie haute des morceaux colorées de l'ancien vitrage.
La présence abondante de l'or dans la peinture, donne une chaleur et des reflets tout à fait imprévisibles.
Le pronaos, réalisé selon la technique employée à l'Eglise de Probota, est surmonté par deux coupoles qui confèrent
un volume appréciable.

La troisième salle (la cripte), a un escalier en forme d'escargot qui conduit à une cachette et elle est protégée par
une voûte semi-cylindrique.

Les peintures sont réalisées "en taches compactes" de couleurs vives : le vert, d'aspect métallique et le rouge
qui, renforcées avec beaucoup d'or, donnent des contrastes forts. Les drapages des habits sont déssinés en traits
fins en or de très bonne qualité et précision, ainsi que l'auréole des saints. Leur éclat d'origine est resté inaltéré
jusqu'à nos jours. Grâce à cette particularité, les couleurs de Sucevita confèrent une valeur à part à l'ensemble du
monastère.

En regardant les peintures et les fresquess du monastère de Sucevita on se croit regarder les pages d'un immense
livre : L'esprit narratif des peintures a permis aux artistes d'animer la vie de Jean Nouveau de Suceava (peinture
à admirer dans le parvis), l'Acathyste de Saint Nicolas et d'autres vies de saints dans le pronaos. On note la
spontanéité et la sincérité dans l'expression plastique, l'intérêt pour le détail, la verve dans l'évocation des histoires
populaires.

Afin de mieux nous surprendre dans leurs narrations peintes, les artistes ont fragmenté l'unité de l'ensemble dans
une suite de petits chef-d'oeuvres indépendants. Une autre particularité de la peinture de Sucevita, est
l'emplacement des compositions dans leur decor naturel, avec arbres (l'arbre d'Esei) et fleurs comme motif
de décoration.

Plusieures influences de style sont identifiables : les perspectives comme dans la peinture italienne (début de
la Renaissance); les monuments représentés ont des toits d'échandole et des murs légèrement ondulés, spécifiques
pour les constructions de la Moldavie. L'influence de l'ancien l' art russe se retrouve dans les contours et détails architecturaux dela façade sud.

Du point de vue iconographique le monastère de Sucevita représente le mélange heureux de plusieurs
conceptions et sources d'inspiration, ce qui donne une variété et une richesse spéciales au mode
d'interprétation des symboles liturgiques illustrés par les narrations peintes.


 

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